Priorité à un financement équitable de la branche hospitalière

Depuis des années déjà, les hôpitaux et les cliniques ne parviennent plus à couvrir les coûts de leurs prestations ambulatoires. Le sous-financement dans ce secteur s’élève à quelque 30%. Dans le stationnaire également, le tableau n’est guère plus favorable, avec une insuffisance de l’ordre de 10%. À cela s’ajoute que le législateur annonce de nombreuses dispositions qui imposeront de nouvelles obligations et davantage de travail administratif – soit des surcoûts sensibles. La plupart de ces mesures ne sont pas couvertes par les tarifs de l’assurance obligatoire des soins (AOS). Au contraire, avec la stagnation, voire la baisse des tarifs, les hôpitaux et les cliniques sont amenés à financer toujours davantage de tâches qui n’ont rien à voir avec l’AOS. En outre, le manque de personnel formé et la hausse des coûts liée à l’inflation pèsent également sur leurs budgets.

Beaucoup de membres de H+ enregistrent des pertes et doivent même demander des crédits extraordinaires auprès des cantons. Le financement des hôpitaux et des cliniques – et partant la fourniture des soins aux patientes et aux patients – sont toujours plus menacés. En 2023, H+ va continuer à s’engager fortement afin de trouver des solutions à ce problème.

Une adaptation des tarifs est nécessaire
Une enquête menée à l’automne 2022 a montré que les hôpitaux et les cliniques s’attendent à d’importantes hausses de leurs charges en raison du renchérissement: pour l’énergie entre 10 et 50% voire dans certains cas jusqu’à 300% et plus; pour les équipements entre 2 et 20%; pour l’alimentation et les coûts de construction entre 3 et 15%. Compte tenu du sous-financement, ces coûts supplémentaires ne peuvent pas être couverts par les institutions via les tarifs des prestations hospitalières. Pour cette raison, H+ demande au pouvoir politique et aux assureurs de procéder d’urgence à un relèvement linéaire de 5% de tous les tarifs ambulatoires et stationnaires. En outre, les tarifs doivent être indexés de manière prospective à l’inflation. Ces mesures seraient de premiers signaux positifs, mais ne suffiraient pas à remédier au manque de financement chronique des hôpitaux et cliniques. À cet effet, d’autres augmentations des tarifs doivent être décidées d’urgence et la discussion sur un système de financement durable doit être engagée si la Suisse entend maintenir un standard élevé de soins. Sinon, les hôpitaux et les cliniques ne pourront plus assurer une fourniture suffisante aux patientes et aux patients. Cela se traduira par de longues attentes aux urgences, des fermetures de lits, des reports d’opérations et par une baisse de qualité des prestations médicales et infirmières. 

Les cantons sont ouverts au dialogue. Ils ont reconnu que le système actuel de financement des hôpitaux, et avant tout le modèle de négociations tarifaires, n’est pas adapté pour réagir correctement à une hausse inattendue et massive des coûts. Afin de résoudre ce problème, les partenaires tarifaires, les cantons et la Confédération doivent s’asseoir à une table et mener enfin une discussion sur l’avenir de la fourniture des soins en Suisse, au lieu de rester braqués uniquement sur les baisses de coûts.

Contact

Anne-Geneviève Bütikofer
Directrice